Paroles
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Une heure que je tourne dans cette ville, perdu, au bout du rouleau
Elle m’a dit : « c’est pas difficile, rendez-vous à l’expo »
J’me creuse pour trouver la galerie, j’suis pourtant pas Miro
Et je m’use la glotte aussi en appelant la Squaw
Je vois marqué sur une porte d’entrée que celui qui veut s’amuser l’ouvre
Histoire de n’avoir Gauguin regret j’entre et qu’est-ce que je découvre
Deux gars qui veulent m’arrêter « hep Monsieur une Joconde s’il vous plait »
« Pour entrer il faut payer, pas de monnaie, get away »
Pour éviter un coup dans l’buffet j’file un Delacroix au plus gros
Et puis à peine arrivé je tente un épique assaut
Mais je la vois avec deux trois huiles qui lui brossent un drôle de tableau
Qui lui offrent la vie de château et les Beaux Arts de l’Hôtel de Ville
Ref.
Mais Aquarelle cette fille
Trempez-la dans l’huile
A un pinceau
Trempez-la dans l’eau
Aquarelle cette fille
Trempez-la dans l’huile
A mon pinceau
Trempez-la dans l’eau
Et puis ce type qui lui sourit
Trempez-le dans l’huile
Qui fait le beau
Foutez-le à l’eau
Est-ce que je l’envoie en exil
Trempez-la dans l’huile
Est-ce qu’elle le mène en Watteau
Trempez-la dans l’eau
Jamais vu un tel visage
A mes amis quel ange
Au bout de ses doigts un vernis sage
A mes amis quel ange
Ses toiles c’est pas mon violon d’Ingres
Qu’elle peigne ou qu’elle dessine
Mais j’lui dis rien vu que j’lui fais du gringue
Que c’est les Beaux Arts qu’elle assassine
Ref.
Dieu que cette fille me plait
Mais Dieu que son art est niais
C’est vraiment pas Matisse sa toile
Ça sent pas le Chagall
Moi qui aime les filles de chez Pastel
Qui suis leur chevalet servant
Si je fus un peu pressant c’est que j’attendais un mot d’elle
Ref.
Voilà que je Magritte à elle
Que je ne la lâche plus
Oh vos toiles sont si belles
Matisse est revenu
Un Mont Blanc dépasse de ma veste
J’esquisse une blague un peu con :
« Peu importe le flocon
Pourvu qu’on ait l’Everest » -
C’était un temps à ne pas mettre
Un courant d’air à la fenêtre
Sous peine de voir en un frisson
S’envoler l’âme des chansonsC’était un temps à pierre fendre
Juillet se prenait pour décembre
Avec pour unique compagnon
Un soleil pris dans ses rayonsC’était un temps à ne pas mettre
Un mot de trop sur une lettre
Sous peine de voir sous le crayon
S’envoler l’âme d’un prénomC’était un temps banni des dieux
Seul le ciel n’avait pas de bleus
Et les nuages sans raison
Se suivaient comme des moutonsC’était un temps à ne pas mettre
Un morceau de pain, une miette
Sur le rebord de vos maisons
Sous peine qu’ils tombent des balconsC’ était un temps où à grand peine
Je volais derrière mes persiennes
Comme volent les papillons
Prisonniers du feu des néonsC’était un temps où dans le soir
La nuit semblait broyer du noir
De l’aube jusqu’à l’horizon
On cherchait l’âme des saisonsC’était un temps où malgré tout
Ce que je connaissais de vous
N’était qu’un air d’accordéon
J’en rêvais depuis le violonC’était un temps où tous les anges
Que l’on recouvre de tant de louanges
Etaient partis en permission
M’oubliant dans le cabanonC’était un temps à ne pas mettre
Un courant d’air à la fenêtre
Et je vous ai vue du balcon
M’attendre devant la prison. -
Reste-t-il un bar en ville
Où tu ne sois pas allé ?
Reste-t-il un seul café
Où tu te sois tenu tranquille ?
Une serveuse gentille
Ou bien qui t’aurait oublié
Je sais bien c’est pas facile
Alors… changeons de quartierTu me dis « Evitons
Tous les cafés du Capitole
Par là-bas les patrons
Comprennent rien au rock and roll »
Faut dire qu’à coups de demis
Tu t’en allais saouler leurs pianos
Certains m’ont même dit
Que tu jouais plus saoul que NougaroJe sais, Francky
Que c’est eux qui ont tort
Mais il est bientôt minuit
Et c’est nous qui sommes dehors
Je sais, Francky
Qu’à deux on a moins froid
Mais… dis-moi…Reste-t-il un seul endroit
Où tu ne sois pas de trop ?
Reste-t-il un seul bistrot
Où l’on puisse entrer avec toi ?
Peut-on faire une virée
Sans qu’on nous cherche des noises
Trouver un seul café
Où il n’y ait pas ton nom sur l’ardoise ?Tu me dis « Evitons
Toute la place Saint Georges »
Par là-bas les patrons
Rêvent de te serrer la gorge
Faut dire qu’après cent demis
Tu traitais leurs filles de putains
Certains m’ont même dit
Que tu jouais encore plus saoul qu’Higelin…Je sais, Francky
Que c’est eux qui ont tort
Mais il est une heure et demie
Et c’est nous qui sommes dehors
Je sais, Francky
Qu’à deux on a moins froid
Mais… dis-moi…Reste-t-il un bar en ville
Où tu ne sois pas allé ?
Reste-t-il un seul café
Où tu te sois tenu tranquille ?
Y aurait-il un bar de nuit
Où tu sois le bienvenu
Reste-t-il un bar en vue
D’où tu ne sois pas banni ?Y’a bien le « Bar à pâtes »
Mais il en a marre que tu l’insultes
Y’a bien les bars à putes
Mais c’est encore plus cher qu’en boîte
Y’a bien la rue Bayard
Mais t’as eu tellement de querelles
Qu’il ne nous reste que Saint Michel
Mais là… c’est moi qui suis tricardJe sais, Francky
C’est nous qui avons raison
Mais il est deux heures et demie
Et c’est nous qui sommes sous les ponts
Je sais, Francky
Qu’à deux on a moins froid
Mais dis-moi…Reste-t-il un bar en ville
Où tu ne sois pas allé ?
Reste-t-il un seul café
Où tu te sois tenu tranquille ?
Une serveuse gentille
Ou bien qui ferait semblant de t’oublier
Je sais bien c’est difficile
Tiens… même moi j’ai plus d’idée…Tu me dis « y’aurait bien chez moi
Mais c’est pas possible aujourd’hui »
Parce que tu vis chez un ami
Pis qu’en ce moment l’ami… c’est moi…
Même que ma p’tite Julie
Avec tout son cœur en or
C’est à cause de tes conneries
Qu’ c’est moi qu’elle a foutu dehorsJe sais, Francky
Que c’est elle qui a tort
Même si t’es rentré dans son lit…
Même si elle a fait aucun d’effort
Je sais, Francky
La nuit tous les lits sont pareils
Pour nous, mais… pas pour elle…Reste-t-il un bar en ville
Où tu ne sois pas allé ?
Reste-t-il un seul café
Où tu te sois tenu tranquille ?
Reste-t-il un bar en ville
Reste-t-il un bar en ville… -
Crois-tu qu’elle va revenir la dame
Qu’on a vue tout à l’heure
Crois-tu qu’elle va revenir la dame
Près de la dame de cœur
Un roi va partir loin des autres dames
Avec son valet de serviteur
Crois-tu qu’elle va revenir la dame
Qu’on a vue tout à l’heureCrois-tu qu’elle va revenir la dame
Qu’on a pas voulu tout à l’heure
Crois-tu qu’elle va revenir la dame
Près de ses petites sœurs
Maintenant que trois reines la réclament
Trois reines et puis deux joueurs
Crois-tu qu’elle va revenir la dame
Qu’on n’a pas voulu tout à l’heureCrois-tu qu’elle va revenir la belle
Qui manque au tableau
Crois-tu qu’elle va revenir la belle
La belle dame de carreau
Maintenant qu’il ne nous manque plus qu’elle
Pour s’en aller jouer les héros
Qu’elle revienne et je mets ma bouteille
Au bar du casinoQu’elle revienne et je te jure qu’on s’en va
Et en embrassant le ciel
Qu’elle revienne et je te jure qu’on s’en va
Juste après la bouteille
On sait tellement depuis le temps qu’on vient là
Que la chance a trop souvent sommeil
Alors qu’elle revienne et puis l’on s’en ira
Avec notre panier plein d’oseilleAlors on ira faire le tour de tous les mondes
Sans penser la dépense
On ira voir comment les riches dansent
Dans les grands clubs du grand monde
On s’en ira en hurlant à la ronde
Puisqu’on sera riches au moins jusqu’à dimanche
On s’en ira en hurlant à la ronde
Notre métier c’est la chanceBien sûr elle est pas revenue la dame
Qui manquait au décor
Tapis rouge, escalier puis macadam
Et nous voilà dehors
Avec le cœur qui voudrait mordre l’âme
Et l’âme qui veut jouer encore
Avec même plus de quoi noyer nos larmes
Dans un dernier verre au Vieux Port -
Cracheurs de sabres
Lanceurs de feux
Y’avait plein de jeux
Dans mon cartableDes diseuses de cartes
Nous contaient l’Atlas
Y’avait un lion dans ma classeUn vieux fou au matin
Nous apprenait à rire
Un clown m’a vu grandirUn funambule en l’air
Courait sur un fil
Dans mes bruits de bulles
Un funambule en l’air
Courait sur un fil
Dans mes bruits de billesJe suis né
J’ai grandi… dans un cirqueJ’ai compris la musique
Avec un grand ours
Dessous la grande course
Des jongleuses, des balles
Des danseuses à cheval
Du chant joli des femmesLes chapeaux, les tapis
Le chapiteau et puis, et puis…
Tout en hautUn funambule en l’air
Courait sur un fil
Dans… mes bruits de bulles
Un funambule en l’air
Courait sur un fil
Dans mes bruits de billesJe suis né
J’ai grandi… dans un cirqueUn funambule en l’air
Courait sur un fil
Dans mes bruits de bulles
Un funambule en l’air
Courait sur un fil
Dans mes bruits de billesJe suis né
J’ai poussé… dans un cirque -
Au train où nos cœurs arrivent
Le tien d’une autre rive
Le mien d’une autre gare
Au train qu’on prend par hasard
Quand on ne veut plus voir
Les histoires qui nous suivent
Au train où naissent les roses
Au train que le hasard arrose
Au train où partent les trains
Au train où nos cœurs se nouent
Quand on parle de nous
Comme d’un seul regard
Et au train où nos deux regards
Ne croyaient plus rien voir
Et ne voient plus que nous
Au train où l’amour se dépose
Au train où se risquent les roses
Au train où se croisent les trains
Mais au train où nos cœurs s’ennuient
Et l’un toute la nuit
Et l’autre tout le jour
Au train où nos cœurs s’entourent
De l’envie du retour
De l’amour qui s’enfuit
Au train où l’on attend les choses
Au train où se jettent les roses
Au train où s’arrêtent les trains
Au train où ton cœur s’en va
Portant dessous son bras
Ce qui restait du mien
Au train où ton cœur s’en vient
Me dire que demain
Il ne sera plus là
Au train où se fanent les choses
Au train où se changent les roses
Au train où s’éloignent les trains
Au train où je vois tes yeux
Qui cherchent tous les deux
D’autres yeux que les miens
Au train où je vois tes mains
Qui cherchent d’autres mains
Pour coiffer tes cheveux
Au train où l’amour se repose
Au train où se pendent les roses
Au train où s’en vont les trains qui emmènent l’amour
Un peu plus loin
Mais au train où nos cœurs chavirent
Dans un nouveau sourire
Pour un nouveau regard
Au train qu’on reprend par hasard
En laissant à la gare
Nos derniers souvenirs
Au train où renaissent les roses
Que le hasard arrose
Au train où repartent les trains
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Tous les hommes que tu as connus
Te disaient qu’ils ne pouvaient plus
Jouer leur jeu en restant à tes côtés
C’est dur de retenir la main
D’un homme qui veut chercher plus loin
Et qui attend le ciel pour enfin se livrer
Qui attend le ciel pour enfin se livrer
Et toi retrouvant les jokers
Tombés de son jeu de poker
Tu vois qu’il ne t’a pas laissé grand chose
Comme tout joueur il attendait
La suite si haute qu’il n’aurait
Ensuite plus jamais envie d’une autre
Ensuite plus jamais envie d’une autre
Un jour penché à ta fenêtre
Il te dira qu’il veut renaître
Au monde que ta tendresse lui a caché
Et visant la gare la plus proche
Il te dira en fouillant ses poches
Je t’avais prévenu je suis étranger
Je t’avais prévenu je suis étranger
Et maintenant un autre étranger
Semble vouloir t’épargner
Ses rêves tout comme s’ils étaient à écarter
Tu l’avais vu avant qu’il ne parte
Il donnait les meilleures cartes
Et maintenant tu vois sa main est figée
Il a contre un abri son jeu à échanger
Mais tu n’aimes pas regarder
La main d’un homme fatigué
Qui ne voit dans son jeu que la défaite
Et tandis qu’il veut reposer
Tu remarques tout comme une fumée
Une route qui s’enroule derrière sa tête
Une route qui s’enroule derrière sa tête
Tu lui dis d’entrer, de s’asseoir
Mais tu vois de ta chambre noire
Dessous la porte comme une lumière
Lors il prend ta main pour que tu sortes
Et te dis en ouvrant la porte
Oh n’aie pas peur mon amour c’est toi l’étrangère
Oh n’aie pas peur mon amour c’est toi l’étrangère
J’ai attendu, j’étais certain
De te revoir entre les trains
Et nous voici à l’heure de repartir
Mais sache juste avant qu’on ne parte
Que je ne t’ai pas caché de carte
Et toi tu te demandes ce qu’il veut dire
Oh tu te demandes ce qu’il cherche à dire
Alors demain si tu veux bien
Sous le pont du fleuve sans fin
Je t’attendrai si tu veux me retrouver
Et quittant le quai pour un train de nuit
Tu sais qu’il cherche un autre abri
Qu’il n’avait jamais été un étranger
Et tu dis d’accord, le pont ou bien ailleurs, je viendrai
Alors ramassant les jokers
Tombés de son jeu de poker
Tu vois qu’il ne t’a pas laissé grand chose
Comme tout joueur il attendait
La suite si haute qu’il n’aurait
Ensuite plus jamais envie d’une autre
Ensuite plus jamais envie d’une autre
Un jour penché à ta fenêtre
Il te dira qu’il veut renaître
Au monde que ta tendresse lui a caché
Puis visant la gare la plus proche
Il te dira en fouillant ses poches
Je t’avais prévenu je suis étranger
Je t’avais prévenu je suis étranger….
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Une photo de dimanche
Un homme aux épaules franches
Et la reine d’un jour
Un peu de riz sous les manches
Il fait tourner par les hanches
La robe d’un seul jour
Au premier tour de la ronde
Ils tremblent chaque seconde
De la grande danse jouée pour eux
Au premier tour de la ronde
Toutes les étoiles du monde
Semblent pâles à côté d’eux
Bien sûr on ne sait pas encor
Si c’est la vie ou la mort
Qui viendra se glisser entre eux
Ils jurent que c’est la mort
Ils l’ont juré si fort
Qu’ils viennent de le dire à Dieu
Mais une photo sur un mur
Et deux ou trois mots qui rassurent
L’enfant qui va mal dormir
Une voiture qui se couche
Tout contre ton mur
Et qui vient mentir
Au premier jour du voyage
Il a juré d’être sage
Sans prévoir
Que les mots prennent de l’âge
Prennent le large
Ou perdent la mémoire
Et tu ne dis à personne
Qu’au fond des soirs monotones
Tu vois le diable qui le prend par le ventre
Et qui le pousse au dehors
Jusqu’à l’heure où il rentre
Quand il rentre
Oh tu ne dis à personne
Qu’au fond des soirs monotones
Tu rêves que le diable te prend par l’épaule
Et qu’il t’emmène en détours
Jusqu’à la montée du jour
Dans des endroits plus drôles
Et moi je ne sais pas encor
Si c’est la vie ou la mort
Qui viendra se glisser entre nous
Mais le dernier printemps est mort
Je t’aime encor
Et je ne veux… que nous
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Au plafond
Un funambule
Fait des bulles
De savon
Des bulles
Pour sa belle
Sa belle
De salon
Des petits rêves en rond
Qui déambulent
Des petits sommes en bulles
De savon
En lèvres majuscules
Posées en rond
Il fait des ballons
Minuscules
Des petits globules
Caméléons
Qui gesticulent
Sur l’horizon
Au plafond
Le funambule
Simule
Le plongeon
Elle hurle
attention !
Il répond
D’une bulle
On dirait un poisson
Qui déambule
Qui tourne en bulle
En rond
Elle a des envies de libellule
Et de papillon
Devant ces ballons
Minuscules
Qui se bousculent
Et viennent
Lui toucher le front
Pendant qu’il se bascule
Au plafond
Un funambule
Fait des bulles
De savon
Des bulles
Pour sa belle
Sa belle
De salon
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Je trimbale ma gueule de bois
Rue de l’amour qui s’en va
A deux pas de notre maison
Avec la gueule de con
Qu’on a quand on est rond
Depuis trop longtemps déjà
J’ai tourné toute la nuit
Au rond point de l’insomnie
A chercher l’avenue des bons souvenirs
A chercher coûte que coûte
Où passe notre route
Je suis tombé dans l’impasse de l’avenir
Puis j’ai croisé ton ombre
Rue des amours qui sombrent
Et j’ai fait demi tour
Pour aller faire un tour
Dans les mauvais faubourgs
Jusqu’aux ruelles encore plus sombres
Là j’ai glissé en douce
Rue des poupées qui toussent
Pour loucher sur les amours d’un quart d’heure
Avant d’aller poser
Boulevard des allongés
Quelques fleurs aux prénoms mélangés
Puis j’ai pris dans mon étreinte
La rue des amours éteintes
Pour me traîner jusqu’au premier bistrot
Avant le verre de trop
J’emmènerai mes sabots
Jusqu’à la ruelle des bons copains
On ira boire un verre
Et puis un autre verre
A la santé des amours en fuite
Puis vers la fin de la cuite
Rue des amours sans suite
On ira se cacher de la lumière
Oh tu vois que je pense à toi
Moi et ma gueule de bois
Tout en cherchant la rue de l’oubli
En titubant sans bruit
En essayant aussi
De garder du soleil dans la voix
Pour une autre Isabelle
Plus gentille et plus belle
Que celle qui vient étrangler mes nuits
Pour une autre Fanny
Plus douce plus jolie
Que celle qui dérange mon sommeil
Mais je trimbale ma gueule de bois
Rue de l’amour qui s’en va
-
Alors
Surtout si elle dort
Ou juste si elle s’endort
Ne la réveillez pas si
Si elle est toute endormie
Toute blottie dans son corps
Y’a peut-être sous ses cheveux d’or
Un tout petit rêve où je vis…
Alors
Surtout si elle dort
Ou juste si elle s’endort
Ne lui dites même pas qui
Est revenu jusqu’ici
Sans armure et sans or
Avec juste comme trésor
Un tout petit rêve où je vis
Alors
Surtout si elle dort
Ou juste si elle s’endort
Ne lui dites pas depuis quand
Vous me voyez souvent
Dedans le froid qui mord
Seulement passer dehors
Le temps d’un instant…
Mais
Mais si elle ne dort pas
Et si de sa chambre elle me voit
L’attendre dehors
Envoyez lui juste un vœu
Qu’elle ne coupe pas ses cheveux
Juste parce que le plus long d’entre eux
Se souvient peut-être un peu
De moi…
-
Un matin
Un parfum de dimanche
Le dessin
De l’ombre, d’une hanche
Tu poses un baiser sur mes rêves
Et tu te lèves pour aller
Habiller d’une caresse le chien
Dans la pièce à côté
Puis tu reviens
Et de peur de m’éveiller
Tu ne dis rien
J’entends ton cœur bailler
Dans un rayon de lumière
Je vois qu’il n’y a pas encor
De crayon sous tes paupières
Ni de vêtements sur ton corps
D’une main
Je m’enroule vers toi
Je te retiens
Et je te dis tout bas
Laissons couler le jour
Passons le jour à roucouler
Partons pour un détour
Vers un tout petit tour d’oreiller
Car demain
Bien avant le soleil
Demain dès le tout premier réveil
Tu bondiras du lit
Avant de partir tout le jour
Moi je guetterai jusqu’à la nuit
Le chien qui guette ton retour
Alors viens
Au lit de la paresse
Viens
Au nid de la caresse
Et comme il ne nous reste
Qu’une vie d’amour
Passons à contre-jour
L’après-midi jusqu’à la sieste
Jusqu’à demain
Un matin
Un parfum de dimanche
Le dessin
De l’ombre, d’une hanche
-
Ça y est
V’là qu’elle me quitte
Ça va faire plaisir aux copains
Ça va en faire rire quelques uns
Justifier nos prochaines cuites
Ça y est
V’là qu’elle me quitte
J’ai dû partir un jour de trop
Croire qu’elle m’attendrait un peu tôt
Croire à l’amour un peu vite
Ça y est
V’là qu’elle me quitte
Vacarmons, menons grand bruit
Tu vas me revoir par ici
L’aubergiste
Ça y est
V’là qu’elle me quitte
Je ne m’en fais pas pour elle
Les filles, quand elles se font la belle
C’est qu’elles se font belles
Pour un autre type
Ça y est
V’là qu’elle me quitte
Pour un André, un Jean-François
Pour celui qui quand j’étais pas là
Venait lui miauler tous ses mérites
Réjouis-toi, je suis triste
Triste et seul peut-être, mais sans corne
Mets-nous la tournée du tricorne
L’aubergiste
Ça y est
V’là qu’elle me quitte
Je vais rayer sa ville
De ma France
Sa famille
De mes connaissances
Tous ses amis de ma liste
Ça y est
V’là qu’elle me quitte
Tous nos souvenirs
Moi je vais les vendre
Faire de nos rires
Un grand tas de cendres
Et m’essouffler dessus ensuite
Réjouis-toi, je suis triste
Recompte-moi
Parmi les tiens
Je vais te refaire gagner ton pain
L’aubergiste
Ça y est
V’là qu’elle me quitte
Ne m’en parle pas
Je ne la connais plus
Je vais faire de son nom un nom de plus
Dans le grand musée de mes faillites
Ça y est
V’là qu’elle me quitte
Et me revoilà l’amour en croix
Me revoilà pire qu’autrefois
Le cœur en déficit
Réjouis-toi, je suis triste
Recompte-moi
De tes amis
Je vais te refaire gagner ta vie
L’aubergiste
Enfin v’là qu’elle me quitte
Maintenant les filles, accrochez-vous
Maintenant les filles, approchez-vous
Y’a l’aventure qui m’habite
Enfin v’là qu’elle me quitte
Enfin, Thi-
baud de l’air
Souviens-toi des mots du vieux frère :
« Ma femme est morte, je suis libre »
Pas la peine que t’insistes
Je n’irai pas dormir plus loin
Laisse-moi mourir jusqu’à demain
L’aubergiste